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Le Quadrille Guadeloupéen au
commandement, est pratiqué en Grande-Terre et dans
les dépendances (Marie-Galante, Désirade).
Il se compose de 7 figures :
lentrée (généralement une marche destinée
à rassembler les danseurs éparpillés dans la
salle où les cavaliers rejoignent leurs dames font la révérence
et les prennent avec grâce par la main pour les mener jusquà
la place que le couple conservera durant tout le cycle de la danse,
en vis-à-vis de leurs partenaires, formant un mole de huit
danseurs), la valse (seule pièce à 3/4 du cycle du
quadrille), le pantalon, lété, la poule, la
pastourelle et la finale (une biguine, seule figure dansée
dans son intégralité en couple autonome).
La danse est dirigée par un commandeur qui, à laide
dinjonctions proférées dans une langue composite,
mélange de vieux français et de créole, donne
des instructions aux danseurs sur les postures à adopter
pendant les différentes figures (cavaliers aux dames
: danseurs et danseuses se rassemblent et se saluent / croisez
les huit : ils échangent leurs places et se déplacent
en faisant des entrechats / balancez les huit : chacun
se balance en gardant sa position).
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Ce maître de danse la voix posée, nonchalante,
tient le rythme de la mélodie dans un parlé-chanté
répétitif rappelant le kapo noir des plantations
coloniales, armé dun fouet et initiateur de chants
dAfrique (moyen efficace adopté par le pouvoir colonial
afin daugmenter la productivité de ses soumis).
Dans la région de la côte sous le vent (sur
la Basse-Terre, côté mer des Caraïbes) survit
un Quadrille français exécuté
sans commandement. Cette variation pratiquée par des danseurs
avertis, non encadrés par un meneur se pratiquait encore
au début du XXe siècle en Grande-Terre, mais a disparu
depuis au profit du quadrille au commandement et du quadrille des
lanciers.
Le Quadrille des Lanciers pratiqué
dans la région de Sainte Anne (Sud de la Grande-Terre) comprend
5 figures : les tiroirs, les lignes, les moulinets, les sites et
les lanciers. À linstar du quadrille français,
il nest pas commandé. Sur le plan instrumental, il
fait appel, au sein de la formation, à un tambour de basse
plus petit que celui utilisé dans le quadrille guadeloupéen.
Il en résulte une moindre résonance, qui donne à
la musique des lanciers un caractère plus intimiste. |
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Ils font généralement
partie dune association ou société
musicale, par lintermédiaire de laquelle on organise
des cours dinitiation. Il sagit dapprendre, de mémoriser,
de sentraîner, lélève ne pouvant participer
à une représentation (un bal) que lorsquil en
est réellement capable. Il faut insister sur le rôle
majeur joué par la société, qui aux
fils des siècles a été la clé de voûte
de lorganisation sociale des traditions musicales de la Guadeloupe.
La vitalité des sociétés de quadrille se traduit
par le grand nombre de membres actifs. La solidarité demeure
un des moteurs de ces associations, et chaque sociétaire a
le devoir de participer financièrement à toutes les
manifestations, même sil ne sy rend pas. Ce mode
de fonctionnement mutualiste, très strict, comparable au modèle
africain (sociétés secrètes, tontine), permet
à la tradition de se perpétuer, même si la relève
est de moins en moins assurée par la jeunesse guadeloupéenne. |
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Les bals de Quadrille
balakadri, balakôdeon ou Koutmizik - sont loccasion
pour les sociétaires de revêtir leurs habits du dimanche.
Les femmes se parent de beaux bijoux et de robes flamboyantes et les
hommes shabillent de costumes, de cravates et de chapeaux.
Le bal est un lieu de représentation
où il sagit de safficher, de montrer sa connaissance
des usages et son savoir-faire chorégraphique. On y dénote
une grande rigueur dans lorganisation du buffet, la tenue des
registres, la politesse des danseurs et leurs évolutions. Cette
rigueur tient aussi au comportement du (des) commandeur(s), véritables
maîtres de cérémonies, dont le rôle est
de discipliner et de guider les danseurs. On retrouve ici la symbolique
de la plantation et son rôle de responsable de la bonne tenue
de ses subordonnés. |
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SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
Gabriel ENTIOPE : Nègres, danse et résistance, La
caraïbe du XVIIe au XIXe siècle, éd. LHarmattan,
Paris, 1996.
Jacqueline ROSEMAIN : La danse aux Antilles, des rythmes sacrés
au zouk, éd. LHarmattan, Paris, 1990.
Jacqueline ROSEMAIN : La musique dans la société antillaise
(1635-1902), éd. LHarmattan, Paris, 1986.
Alex & Françoise URI : Musiques & musiciens de Guadeloupe,
le chant de Karukéra, éd. Con Brio, Paris, 1991.
Louis Abénon, Paul Butel, Jack Corsani, Gabriel Debien, Léo
Elisabeth, J-C Giacottino, Mario Mattioni, Pierre Pluchon : Histoire
des Antilles et de la Guyane, éd. Privat, Toulouse, 1982. |
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