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Les danses créoles
sont issues de la créolisation des danses européennes.
Leur histoire se découpe en quatre grandes périodes:
- XVIIe siècle : le menuet,
- XVIIIe siècle : contredanses quadrilles et cotillons,
- XIXe siècle : danses par couples (valses, biguines),
- Lépoque contemporaine et lavènement
du zouk. |
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XVIIIe siècle,
à la cour de Versailles : les danses
de société (danses pratiquées par la
bourgeoisie, distinctes des danses de cour et des danses populaires),
dont le principal avantage était de déployer de lélégance,
de prendre de belles attitudes et se mouvoir selon les règles
de lesthétique, sont en pleine décadence.
Elles sont progressivement supplantées
par les contredanses (de "country
dance": danses de campagne, importées en France en 1710
par un maître anglais), plus ludiques et plus variées.
Les danses européennes traversent les
océans avec les coloniaux, les visiteurs, les marins, les
comédiens de passage, ou encore à travers les encarts
des journaux de mode.
Suivant les modes métropolitaines, lart
musical aux Antilles fait partie du décor et du style de
vie. |
Sa pratique est un signe de considération,
de prestige, et deviendra peu à peu une exigence sociale, un
signe distinctif de la famille bourgeoise.
La danse, langage émotionnel,
mimétique, non conditionné par les mots, occupe une
place prépondérante car particulièrement adaptée
à la communication entre des hommes, pour la plupart, analphabètes.
Il faut noter quà lexception des grands colons,
des administrateurs et des religieux, les Européens (dorigine
paysanne en grande majorité) qui peuplent les colonies sont
tout aussi ignorants que leurs esclaves (ils ignorent en particulier
la musique savante), ont des croyances tout à fait similaires
aux leurs, chantent et dansent aux mêmes occasions et ne diffèrent
deux que par la situation sociale. |
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Dans toutes
les colonies la classe dominante pratique les bals, nécessitant
un personnel nombreux pour lorganisation des festivités.
Afin de prêter main-forte aux professionnels venus dEurope,
les colons permettent à certains esclaves détudier
la musique européenne et devenir des instrumentistes érudits.
Les menuets sont, aux premières années
de la colonisation, les seuls divertissements de la société
coloniale. Bientôt jugés trop guindés (influence
africaine) ils seront, afin dégayer et apporter aux
bals une touche de sensualité, peu à peu remplacés
par le menuet Congo, danse issue dun mélange
de menuet et du rythme africain le goumbé
ou calenda (les musiciens noirs agencèrent sans
difficulté la mesure à 3/4 du menuet à celle
à 6/8 du goumbé), rythme accompagnateur des danses
coloniales des Antilles françaises, antérieurement
admis par les maîtres dans un souci de stabilité. |
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Dès leur arrivée
dans les colonies, début XVIIIe, les contredanses seront
de tous les bals, détrônant définitivement le
menuet versaillais.
Le menuet congo demeure. Il sinclut dans la contredanse
et plus tard, rivalise en son sein en la créolisant,
introduisant le tambour au cotés du violon.
La contredanse créole voit aussi apparaître le chant;
le violon enchaîne la mélodie tandis quun maître
de danse ou commandeur exécute la ritournelle
dune voix posée et nonchalante, dans un style récitatif,
invitant les danseurs à suivre les cadences, leur rappelant
les figures à exécuter ainsi que leur ordre dexécution.
Après lEmpire et la valse, cest au tour du quadrille
de simposer dans les contredanses.
Le caractère primitif de ce style chorégraphique serait
celui dune danse pastorale, auquel répondent encore
les noms de ses principales figures : lété,
la poule, la pastourelle et le pantalon.
Il ne conquiert guère les classes bourgeoises, mais rencontre
un succès sans précédent dans les classes populaires. |
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Lesclave adopte
le quadrille dabord pour parodier son
maître, avant de se lapproprier selon ses propres
codes, développer par la suite une véritable sensibilité
à cette danse, au point den faire lun des pans
fondateurs de la culture musicale qui émergera, dans les
Antilles françaises, après labolition de lesclavage
de 1848.
À cette époque, les danses en
couples se sont imposées depuis une dizaine dannées
en Europe et arrivent à leur tour aux Antilles.
Les Noirs ont désormais accès à la vie sociale,
mais leur insertion est lente et difficile car le maintien du préjugé
de race et des inégalités perdurent ; une loi na
pas le pouvoir de changer immédiatement les mentalités
surtout quand elle porte atteinte à des intérêts
financiers et des privilèges sociaux.
Les bals de quadrilles prennent ensuite la forme
de cotillons, bals où une grande place est accordée
aux danses de couples : valses, mazurkas et polkas, qui séduisent
beaucoup. La porte est alors franchement ouverte à la volupté,
à la sensualité. On choisit
sa cavalière, on la prend dans ses bras et lon danse
avec elle.
Gardant les habitudes prises, les musiciens
noirs et mulâtres (autre résultat du mélange
maître-esclave) continuent à créoliser les danses
européennes - la polka fait une carrière fulgurante
et donnera naissance à la biguine - mais progressivement,
grâce à une polyrythmie très riche, typiquement
africaine, ils créent et font évoluer un style propre
auquel colons et bourgeois, impuissants, ne pourront sopposer. |
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Il est tout à fait
permis de présenter la danse comme une des composantes essentielles
du mouvement de résistance des
esclaves, dans les petites Antilles en particulier, dont lexiguïté
géographique ne permettait pas la formation de villages marrons
comme à la Jamaïque ou à Cuba. Les esclaves profitaient
alors de leurs assemblées, au cours desquelles ils dansaient,
pour comploter discrètement contre le système esclavagiste.
Le maître blanc sest consciencieusement
employé à désafricaniser lesclave,
mais rien na finalement pu empêcher le potentiel sensuel
africain de simposer dans la musique et la danse aux Antilles.
Une nouvelle histoire musicale et chorégraphique, synthèse
de deux cultures, voit alors le jour dans cette région du
monde, et poursuit aujourdhui son évolution, dans une
bipolarité afro-européenne
tendant à plutôt se rapprocher des racines noires (reggae,
ragga, zouk) de la population autochtone.
Malgré un mouvement de revendication
didentité, mené par les intellectuels guadeloupéens
dans les années 1970, tendant à rejeter toutes les
musiques ayant subi une forte influence occidentale, telles le quadrille
et la biguine, une grande majorité dantillais continue
dobserver un respect marqué pour certains vestiges
de la période coloniale, dont lactivité
encore vivace - dordre traditionnel et non folklorique - des
bals de quadrille, est le meilleur exemple.
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