1. Genèse du projet

2. Repérages

3. Intentions

Les adeptes du Quadrille Guadeloupéen sont les derniers gardiens du joyau, en charge de la transmission du savoir.
Le film Cavaliers aux Dames ! nous fera connaître le Quadrille à travers les portrais croisés d’acteurs choisis de cette « scène » guadeloupéenne, au cœur des lieux de danse.
Parallèlement, j’instaurerai avec chacun une relation plus intime afin de placer le Quadrille dans la vie quotidienne, l’environnement social. Ce sera l’occasion d’aborder l’histoire, les modes de transmission inter-générationnels, les expériences personnelles et le sens à donner à la survivance de cette danse « coloniale » (si la question coloniale est une notion sous-jacente à la nature même du sujet, elle ne saurait en aucun cas être le sujet du film).
L’intervention ponctuelle d’un spécialiste (historien, ethnologue, …) pourra nous aider à mettre en évidence les problèmes pouvant menacer l’avenir du Quadrille : la question du soutien des autorités locales, la considération du Quadrille auprès des jeunes générations, la disparition des anciens musiciens sans avoir transmis leur savoir-faire.
Au-delà de ces questions, le cœur du sujet restera la poésie de la danse, la force du spectacle, la splendeur du bal. Le bal, ce point d’orgue où tous les talents se rassemblent dans la joie du partage de leur passion.

LE SON
La musique, composante essentielle du film, pourrait presque suffire à restituer l’univers rural du Quadrille, mais il convient d’aborder le son avec finesse.
Humidité et chaleur imposent l’ouverture systématique des lieux sur le tissu sonore enveloppant les décors : Vol des insectes, bruissement d’un champ de canne, averse tropicale, pétarade d’un moteur de mobylette, … Diffuses ou au contraire très présentes, elles seront, avec la langue créole, l’âme véritable de chacune des séquences.
Pendant les danses, je m’attacherai à respecter la rusticité du son des instruments et du micro. Dans l’esprit d’un enregistrement de blues roots, je ne chercherai pas à éviter les larsens et les dissonances diverses.
Le son devra donc résulter d’un subtil dosage entre volatilité de l’enveloppe et authenticité brute de la musique.

L'IMAGE
Je compte filmer en plans fixes et accorder une place importante à l’arrière plan.
Aération, ventilation, de manière générale, ponctuées de moments où l’on se rapprochera d’un visage, d’une main, d’un pas.
Le bal, suffisamment riche de mouvements en soi, permet d’envisager la plus grande sobriété afin de ne pas charger inutilement l’image.
De rares mouvements d’appareils pourront se justifier dans le cas d’une élégante transition ou d’un changement d’axe.
Le Quadrille se lit dans les vieux livres, s’écoute sur les phonographes, se danse sur les parquets usés et se doit d’être regardé avec simplicité.